Des discours qui résonnent

 

27 juin 2020

une journée à marquer d’une pierre blanche dans l’histoire du mouvement culturel breton. Après plusieurs mois d’échanges fluides et constructifs, des fiançailles réussies en février à Auray, nombreux sont les adhérents et invités qui se sont retrouvés à Quimper (salle du Chapeau Rouge) et à Rennes (Maison des Associations) pour se prononcer sur la fusion des confédérations Kendalc’h et War ‘l Leur, pour célébrer la naissance de Kenleur.

27 a viz Mezheven 2020 : un devezh pouezus evit istor an emsav sevenadurel Breizh.
E Kemper (sal ar Tok Ruz) hag e Roazhon (Ti ar c’hevredigezhioù) e oa kalz a izili ha dud pedet.
Laret o deus o soñj diàr-benn kendeuz ar c’hengevredoù Kendalc’h ha War ’l Leur ha lidet o deus ganedigezh Kenleur.
Un emglev kentañ e oa bet graet etre en daou gengevredoù e miz C’hwevrer en Alre war-lerc’h meur a vizoù o komz.

Hommage aux « bâtisseurs » des deux confédérations

En ouverture, un hommage a été rendu à plusieurs bâtisseurs des deux confédérations, Kendalc’h et War ‘l Leur, dans l’ordre d’apparition à l’écran : Marcel Eon (Kendalc’h, de 1983 à 1986), Marcel Kerloc’h (War ‘l Leur, de 1998 à 2000), Nadine Urvois, (Kendalc’h, de 1998 à 2006), Jean-Yves Le Poëc (War ‘l Leur, de 2000 à 2004), Catherine Latour (Kendalc’h, de 2006 à 2011), Joëlle Dubois (War ‘l Leur, de 2005 à 2013) et Jean Guého (Kendalc’h, de 2011 à 2016).

Remerciements à nos présidentes, morceaux choisis

« Merci Rozenn pour l’énorme investissement dont tu as fait preuve pendant ta présidence à Kendalc’h, en t’efforçant d’être présente à chaque rassemblement ou réunion, sans récriminer, sacrifiant ainsi une grande partie de tes loisirs et permettant un dialogue constructif… »

Robert Raulo à l’attention de Rozenn Le Roy

« Au cours de ces quelques années, j’ai été touchée par les mots poétiques, émouvants et toujours justes de Solenn. Je suis émue par sa gentillesse infinie, son empathie et l’attention qu’elle porte aux autres. Je suis remplie de gratitude pour tous les moments partagés avec elle, avec vous, avec tous. Aujourd’hui, je suis admirative du travail abattu et du temps passé avec Nadine, Tristan, Mathieu et Rozenn pour conduire ce projet de nouvelle confédération. À l’image de ce qu’elle a conduit jusqu’ici, elle est un élément de réussite évident de cette nouvelle confédération qui naît aujourd’hui. »

Audrey Pavageau à l’attention de Solenn Boënnec

Je suis persuadée que Jean-Louis Latour, s’il avait été parmi nous, aurait porté également le collier de l’Hermine, tout comme Catherine Latour à Rennes. J’ai le cœur serré et une pensée émue pour Paul Morin, président-fondateur de War ‘l Leur ; mais je souhaite une longue et belle vie à la nouvelle confédération

Viviane Hélias

C’est avec beaucoup d’émotion que je prononce ces premiers mots au nom de Kenleur. Un immense merci à vous tous, vous qui avez ouvert la porte au futur. Nous sommes très, très fiers de notre réseau confédéral, de sa résilience, de son ouverture, de son allant, de sa bienveillance. Nous voilà entraînés dans un nouveau bouillonnement associatif. Ainsi ce sont nos forces, maintenant mutualisées, qui vont se mettre au service de la Bretagne, de sa jeunesse, de ses pratiques patrimoniales, de sa création, de sa diffusion, de son rayonnement.
Grâce à votre engagement bénévole, grâce à nos commissions, nos administrateurs, nous allons mettre en place ce que collectivement, nous avons imaginé et voté : programmer un ambitieux plan de formation, mettre en œuvre de nouveaux soutiens aux groupes enfants, aux cercles, aux ateliers de danse, aux chorales, monter en compétence sur le patrimoine vestimentaire, dansé, développer un système de mise en catégorie et de championnat respectueux de la philosophie de chacun et, ce que tous vous attendez, élargir la diffusion de nos groupes, développer et renforcer encore la création. Kenleur sera attentive au mieux vivre de tous : chorales, ateliers et cercles dans le respect et l’intérêt de tous, pour une culture bretonne ancrée, vivante et rayonnante.
Je nous souhaite des fédérations actives et à l’écoute de leurs territoires, une confédération forte, solidaire et bienveillante à l’égard des territoires, de tous.
Kenleur est le résultat d’un engagement bénévole très fort dont vous êtes la preuve, je nous souhaite de savoir y veiller et l’entretenir à la hauteur des ambitions que nous forgeons pour la culture bretonne.
Merci beaucoup !

Solenn Boënnec
coprésidente de Kenleur

C’est avec enthousiasme et émotion que je prends la parole pour la première fois au nom de Kenleur. Votre présence si nombreuse aujourd’hui nous touche et nous montre l’importance de cet évènement. Quelle joie et quelle fierté à ce moment, d’avoir réussi tous ensemble cette union. Un immense merci pour votre confiance.
Kenleur va continuer à faire entendre notre voix, votre voix, au sein de toutes les instances représentatives de la culture bretonne, en Bretagne, et sur tout le territoire français. Kenleur va continuer à promouvoir une culture vivante, moderne, enthousiaste, jeune, en mouvement. Kenleur va continuer à œuvrer pour ouvrir les portes de l’école à notre culture, les scènes nationales à notre danse. Kenleur va contribuer à augmenter et renforcer les espaces muséographiques et les compétences muséales dédiés au costume et à la danse bretonne. Kenleur va renforcer les partenariats avec tous les acteurs de la culture bretonne et en particulier les festivals. Kenleur, dans ses actions, réaffirmera la place et son soutien aux langues de Bretagne, sur son territoire retrouvé et partout en France. Kenleur et nous tous, ici présents, remercient l’ensemble des partenaires qui ont répondu présents à notre invitation et qui ainsi témoignent de leur soutien. Nous allons avoir besoin de vous, de votre enthousiasme pour notre projet stratégique, de votre soutien durable. Je nous souhaite une vie longue et féconde. Merci.

Rozenn Le Roy
coprésidente de Kenleur

Morceaux choisis

Lena Louarn

Présidente de l’Office public de la langue bretonne et vice-présidente du Conseil régional de Bretagne en charge des langues de Bretagne

Demat deoc’h, ha demat da tud Kemper ivez (…). Ces confédérations ont franchi un tournant courageux et fort pour assurer un avenir à ce patrimoine vivant que sont danse, chant, langue, musique, sport, éléments comme le vent, le soleil et la pluie, ô combien importants et nécessaires pour l’identité de la Bretagne. Je ne peux que féliciter l’ensemble des acteurs qui ont travaillé depuis plusieurs années, étudié d’arrache-pied, pour arriver à cette communion combien nécessaire, afin d’assurer un socle fort, ancré dans le granit pour les générations futures. Porter tout ce qui fait la Bretagne, lien qui remonte à la nuit des temps, et pourtant si contemporain et futuriste dans son expression. Buhez hir ha brav, laouen, efedus, da bep hini ac’hanoc’h ha d’ar framm nevez-savet. Un anv-badez flour ha kadarn evel ur vaouez. Bevet Kenleur ! Bevet Breizh !

Ronan Guéblez

président de Dastum

Je vais rappeler peut-être quelques évidences, en voyant les choses, d’un point de vue personnel : la culture bretonne, en fait, depuis la dernière guerre est passée par trois phases, comme vous le savez sans doute. Une phase que l’on peut appeler d’infériorité, de mépris, où les cercles naissants ont fourni un abri à une culture bretonne qui était menacée de disparition avec la fin de ce qui était son environnement naturel, c’est-à-dire le monde rural. Mais à partir des années 70 et en gros jusqu’en 2000, on a eu une toute autre phase, avec une fierté retrouvée et des revendications ; et moi j’étais ado à cette époque… Vous savez c’est l’époque des barbus hirsutes, voyez qu’il en reste quelque chose, et ma perception, ne vous fâchez pas de ce que je vais vous dire, c’est vrai qu’à l’époque, les cercles, je les percevais mal. Je n’étais peut-être pas le seul ! Je trouvais que c’était sympa, mais bon des gens déguisés en Bretons, pour se faire applaudir par les touristes, ce n’était pas mon truc ! Actuellement on n’est plus dans la phase de fierté retrouvée, de revendications (peut-être malheureusement). La fierté retrouvée si, je pense que l’on n’a plus rien à prouver, mais on est dans une phase un peu plus pernicieuse et donc plus dure à gérer, une phase que l’on peut appeler de « banalisation ». La culture bretonne n’étant plus qu’une option parmi plein d’autres ; y compris, parmi les élèves de Diwan, j’en ai deux à la maison, vous savez, ils n’écoutent pas beaucoup de musique bretonne. Et puisque tout le monde a cité Per Jakez Hélias, c’est vrai que ça me fait penser à un poème qui était dans Ar mên du où il disait ( je cite de mémoire en français ) « Combien de temps faut-il pour effacer la Bretagne des Bretons ? Cent ans ? Mille ans ? ». Dans ce contexte, je pense que les cercles retrouvent de plus en plus ce qui était leur rôle premier, chaque cercle étant un petit peu comme autant de sources pour la culture bretonne et personnellement, pour ce qui est de ma perception des gens des cercles, avec le temps qui passe, en les rencontrant en fest-noz, en travaillant aussi avec eux, je me suis fait une toute autre opinion (sinon je ne serais pas ici !) que je peux résumer en trois mots : passion, travail (on l’oublie trop de l’extérieur) et convivialité.

Paul Molac

député de la région de Ploërmel

Evel just, fromus eo da vezañ amañ. Ankenius ivez pa vez cheñchet an traoù. Evidomp-ni, evit Lena ha me, tout ar pezh a denn d’ar c’hevredadoù bras, Kendalc’h, War ‘l Leur, Sonerion ivez, a zo stag ouzh hor c’halon. Donc pour le travail que vous faites, qui est très important, car on l’a vu, ce n’est pas seulement sur le costume ou la danse, qui sont au cœur de votre projet, mais il va bien au-delà… et qui nous permet de reconnaître quelque chose qui est le sel de la vie. Que serait la Bretagne, sans sa musique, sans sa danse, sans ses chorales, sans l’architecture ?

Ludovic Jolivet

maire de Quimper (2014 – 2020)

Soyez ambitieux, et je sais que vous le serez et vous serez encore plus incisifs sur la place prépondérante de la culture bretonne et de la danse notamment.

Jean Peeters

président du Festival interceltique de Lorient

Nous ne pouvions pas rater ce moment. Il y a des moments importants dans la vie et celui-là était important. Il marquait à la fois la fin de quelque chose, mais il marquait surtout l’avènement d’une nouvelle époque avec le rapprochement, l’union de deux grandes fédérations.

Joël Clément

vice-président de Gouelioù Breizh et président de Folklores du monde

Je tiens à féliciter les administrateurs, les salariés et tous les membres des groupes qui ont apporté leur pierre à l’édifice, parce que, franchement, j’ai découvert un travail patient, rondement mené et bien ficelé. Je vous félicite pour ce travail. En ce qui nous concerne, le partenariat que nous avions avec War ‘l Leur, pour Kement Tu, sera bien entendu renouvelé avec Kenleur, mais nous souhaitons aussi pouvoir augmenter ce partenariat dans divers terrains notamment autour des chorales (je salue d’ailleurs Jean-Pierre Thomin, président de Kanomp Breizh) et également des conférences…

Nadine Puyoo-Castaings

consultante dans le cadre du Dispositif local d’accompagnement

Je voudrais dire aussi autre chose avec mon regard béarnais. Je suis Béarnaise, je suis moi-même très fière de ma culture occitane, mais je nous trouve bien modestes, je nous trouve bien éparpillés, je nous trouve bien faibles face au degré d’organisation que vous avez, à la force de la mobilisation pour votre culture bretonne. Je suis impressionnée par les moyens, les ressources qui ont été mis en œuvre pour que cette culture soit contemporaine, vivante, active, partie prenante de la vie quotidienne… en fait, je suis scotchée par votre engagement ; j’ai reçu une belle leçon, mais c’était la plus belle de mes missions et je vous en remercie.

Bernez Rouz

président du Conseil culturel de Bretagne

Demat deoc’h amañ e Roazhon, demat da tout an dud e Kemper. Me ‘zo o paouez dont ‘maez amañ eus Kuzul sevenadurel Breizh, lec’h en deus manket daou deomp, deus War ‘l Leur ha deus Kendalc’h. Rozenn a zo eil-brezidantez ganin, ha dao eo dec’hel soñj ivez eus Catherine Latour a zo bet prezidantez Kuzul sevenadurel Breizh. Je sors juste du Conseil culturel de Bretagne. Nous nous sommes réunis aujourd’hui avec deux manquants : le représentant de War ‘l Leur et Rozenn Le Roy, qui est ma vice-présidente et qui n’était pas là aujourd’hui, mais évidemment, on comprenait pourquoi. War ‘l Leur et Kendalc’h ont toujours participé très activement aux travaux du Conseil culturel et je vous rappelle que Catherine Latour, qui est ici présente, a présidé également le Conseil culturel de Bretagne. On a beaucoup pensé à vous aujourd’hui, parce que l’on a voté à l’unanimité un vœu pour dire qu’on était d’accord avec le bordereau du Conseil régional de Bretagne, qui va être voté dans quelques jours pour la réunification de la Bretagne ; et ça c’est quelque chose d’important parce que j’allais dire Kenleur, tous les gens de Kenleur, maintenant montrent parfaitement que la Bretagne à cinq départements c’est depuis tout le temps chez eux, c’est dans leur cœur et ce sont eux qui montrent que cette Bretagne-là elle existe, elle est vraie, et le dialogue que l’on a instauré au Conseil culturel de Bretagne entre les gens de Haute-Bretagne, les gens de Basse-Bretagne, à travers le breton et le gallo, puisque c’est la seule institution en France qui utilise les langues régionales.

Jean-Michel Le Viol

président du festival Le Cornouaille

1950 – 2020 … il y a 70 ans à Quimper, déjà, au sortir de la guerre, quelques doux rêveurs imaginaient créer une Bretagne culturelle nouvelle et pleine d’ambitions, à travers la nouvelle confédération dénommée Kendalc’h et regroupant toutes les autres fédérations bretonnes. 70 ans plus tard, et après quelques divorces, combien d’entre nous n’ont pas dit ou pensé comme Martin Luther King en 1963 à Washington, « J’ai fait un rêve ! ». Et un jour, le rêve se réalise… deux présidentes, deux directeurs et quelques autres, réussissent à convaincre, entre autres aujourd’hui, leurs groupes respectifs d’adhérer à l’idée essentielle qu’un est plus fort que deux. Se retrouver, c’est partager, et avancer vers un même but, avec plus de moyens, avec une dynamique et un nouveau souffle.

Sébastien Miossec

maire de Riec-sur-Bélon et président de Quimperlé Communauté

Quand on discute avec nos partenaires, l’expérience que l’on tire de notre engagement associatif et particulièrement dans le monde culturel breton est, je crois, essentielle. Nous en sommes particulièrement fiers et Kenleur sera demain, justement, cette force plus décuplée que jamais auprès de tous nos interlocuteurs (publics et privés), mais aussi pour nous toutes et nous tous, parce que la culture c’est d’abord des gens et donc tout ce sang que l’on met en commun, cette énergie que l’on met en commun, tout cela sera encore plus heureux demain. à tous mes amis, à nous tous, longue vie à notre mouvement.

Kaourintine Hulaud

conseillère régionale et présidente de la commission sports et culture du Conseil régional

Le secret de cette fusion c’est aussi et bien plus, qu’il n’y paraît, c’est aussi cette capacité de ces hommes et femmes qui habitent dans des territoires, à cette façon de défendre avec passion, votre héritage, avec passion la singularité de vos terroirs, qui font le sel de nos territoires. Le secret de cette fusion se situe dans le rapprochement et bien plus qu’il n’y paraît dans le rapprochement de femmes et d’hommes, parce qu’au-delà de défendre les valeurs, de sauvegarder nos valeurs, c’est avant tout un patrimoine commun qui va être valorisé au travers de la danse, au travers des costumes, du chant, de la musique. C’est aussi l’association de compétences humaines uniques et tout cela au profit d’une ambition commune au service de notre identité, cette identité qui donne sens à nos choix, qui donne sens à nos vies, comme l’a fait remarquer Sébastien Miossec, qui donne sens à ce que nous sommes, et qui fait ce que nous sommes.
Alors soyons fiers d’appartenir à cette communauté de danseurs qui pendant longtemps ont été héritiers, et, cher Jean Guého, tu le défendais souvent, qui sont maintenant des bâtisseurs et inventeurs de la tradition de demain grâce à cet outil qu’est Kenleur.
Alors oui, soyons fiers ! N’ayons pas peur de porter des coiffes, n’ayons pas peur. Il fut un temps, je n’ose dire que dans les années 60, comme quoi nous étions très ringards, et qu’il valait mieux aller ailleurs, écouter d’autres musiques que d’écouter du biniou. Alors merci à Stivell d’avoir fait ce renouveau qui nous a permis d’être forts et d’être fiers de ce que nous sommes.
Merci de nous avoir offert un si bel écrin pour un si beau joyau qui est notre culture en gardant toujours ce socle que nous partageons qui est la sauvegarde, le partage, la transmission.
Alors espérons que ce mariage qui assemble de belles familles de belles personnes, va raviver l’envie de réunir une autre famille celle de la Bretagne avec ses cinq départements c’est un vœu qui nous est très cher. Je voudrais ajouter juste pour conclure la phrase de Gustav Malher qui disait : « La tradition n’est pas le culte des cendres, c’est la préservation du feu ». Et à vous voir et à vous connaître, je pense que ce feu n’est pas prêt de s’éteindre.
Je vous remercie.

Yannick Kerlogot

député de Guingamp et membre de Kenleur

Kenleur, er fin, graet eo ! Un darvoud istorel gortozet ganin abaoe pell hag a zo dalc’het bremañ. Emaomp o vont da skrivañ asambles, a-gevret, ur bajenn unan, hag a-benn ar fin evel er bloavezhioù hanter-kant.
émotion bien sûr, fébrilité, mais certainement pas tristesse. Je fais partie de ceux qui attendaient ce moment depuis extrêmement longtemps. Je suis heureux de prendre la parole après Sébastien Miossec et Kaourintine Hulaud, car nous avons tous les trois ce point commun à la fois d’être élus, mais d’avoir vécu et de vivre encore cette formidable expérience associative dans l’une des deux racines de Kenleur. C’est par notre expérience dans l’une de ces deux maisons, l’une de ces deux racines, que nous défendons aujourd’hui avec conviction, notre mission d’élus, parce que nous y avons appris beaucoup.
Monsieur le Maire, vous l’avez dit, octobre 1950, une date importante ici dans la mairie de Quimper avec Jo Allégant, jeune député maire, résistant de la première heure, en présence de Fañch Bigoud, président du Festival de Cornouaille, s’est créé une fédération culturelle bretonne et permettez-moi de partager avec vous un ressenti : j’ai le sentiment ce soir, que nous vivons une réconciliation. 1965-1967 ce sont des dates qu’il ne faudra peut-être pas oublier et l’histoire se chargera de nous apporter une lecture objective de ce qui s’est passé. L’heure n’est pas aujourd’hui à remuer ou à essayer de comprendre ces scissions, car pour moi il s’agissait de scissions. Je voudrais simplement vous dire, qu’en tant qu’ancien président de la fédération Kendalc’h Côtes-d’Armor, j’ai eu le sentiment de vivre un clivage, pour lequel je n’ai jamais apporté de sens et aujourd’hui, ce soir, naturellement, j’ai envie de dire enfin. Enfin ce moment, où nous allons, d’une seule voix, emprunter ce 21e siècle, pourtant bien commencé, mais avec cette volonté commune, partagée, de défendre les arts et traditions populaires de Bretagne.
Ce soir, nous y sommes encore, et encore une fois, pas de tristesse dans mon cœur, mais bien au contraire, une très grande fierté, et surtout une envie de regarder la jeunesse. Je regarde aussi nos deux coprésidentes, que je considère jeunes, et je voudrais vraiment vous remercier… mais vous êtes jeunes, mais bien sûr ! Moi, je le suis un peu moins. La roue tourne… si si mais si vous allez voir je vais m’adresser aux plus jeunes pour conclure : j’espère que vous avez conscience de – d’abord vous remercier de votre engagement, parce que sans jeunesse pas d’avenir  – mais je voudrais vous rappeler que vous avez cette chance, et ça a été dit. Je me suis retrouvé entièrement dans vos propos, de vivre une expérience en Bretagne certainement unique. Kaourintine a insisté également sur ce point. Cette terre de social-démocratie qu’est la Bretagne, permet cette forme de communion, cet engagement dans la vie associative dans laquelle nous donnons du sens d’une manière désintéressée, bénévole.
Et grâce à vous aujourd’hui, ce mouvement se poursuit et vous allez pouvoir le faire de façon encore plus épanouie, je le souhaite autour de Kenleur.

Jean-Michel Le Boulanger

1er vice-président du Conseil régional de Bretagne

En pensant aux quelques mots que j’allais vous tenir, et c’est ainsi, je ne sais pourquoi, Glenmor s’est posé sur mon épaule et je vais être amené à faire quelques citations de Glenmor; je ne le citerai pas à chaque fois mais vous reconnaîtrez vraisemblablement un certain nombre de ses propos.
Mes premières pensées évidemment, vont vers tous ceux, qui depuis 1950 ont construit ces extraordinaires aventures humaines. Il ne faut jamais renier les siens !
Il faut savoir dire merci ! Si nous sommes là aujourd’hui, c’est parce que depuis 1950 des générations et des générations de militants ont défriché avant nous. Il ne faut jamais renier les siens.
Les vôtres à Kendalc’h, les vôtres à War ‘l Leur, ils ne doivent pas être oubliés, ils doivent être respectés et ils doivent être aimés.
À l’aube de cette aventure, ils étaient si petit nombre. Ils vous ont transmis un héritage que vous avez fait fructifier sur les chemins de vos bohèmes, sur les chemins des bohèmes de Kendalc’h, sur les chemins des bohèmes de War ‘l Leur.
Ils avaient semé et toute bonne graine honore le semeur ; et puis au fil des décennies, des hommes et des femmes, nombreux, très nombreux, jeunes, très jeunes parfois ont rejoint cette aventure aux agapes des places publiques, que vous à Kendalc’h et que vous à War ‘l Leur vous avez su organiser ; et ces jeunes générations, elles ont su, comme le disait Yves Ollivro, tout à l’heure, monter sur les épaules des anciens et regarder l’avenir. Regarder l’avenir et décider de cheminer ensemble, pour de nouvelles moissons, pour une nouvelle Bretagne, riche de ses traditions immémoriales, et riche tout autant de ses ouvertures océaniques.
Les vents ne connaissent pas les frontières ; les danses viennent parfois des « ailleurs » et elles savent faire rhizome sur des vieilles terres, enrichies à chaque génération par l’humus des talents nouveaux ; l’humus des talents nouveaux, il est là et j’y reviendrai tout à l’heure.
C’est ainsi, grâce à cet humus des talents nouveaux qu’aujourd’hui Kenleur est née.
La région Bretagne est évidemment très fière et très heureuse d’être présente aujourd’hui auprès du berceau. Je veux le redire, très calmement, très tranquillement : nous n’avons jamais demandé cette fusion, tant l’indépendance des libertés associatives nous obsède, mais nous en sommes très heureux et nous nous en réjouissons.
De la même manière, je veux dire, tout aussi tranquillement, que, évidemment, et Kaourintine l’amorçait tout à l’heure, ce n’est pas une question de chiffres. Vous êtes assurés de notre plein et entier soutien.
Le hasard des calendriers fait que ce printemps confiné que nous avons connu, sous la menace de ce virus a engendré l’été sous la pluie de cette belle réunification d’aujourd’hui, comme un symbole. Nous sommes des êtres de sens, des êtres sensibles, de l’émotion et du partage et la pandémie nous a isolés. Elle nous a interdit de nous rencontrer, de nous voir, de nous toucher, elle a interdit la fête, elle a interdit le sourire de la relation, elle a interdit le nous, elle a interdit la danse ; et au lendemain même de ce confinement inouï, sans précédent dans l’histoire de notre humanité, comme une réponse des forces de la vie, comme une réponse des forces de l’avenir, ce mouvement nouveau, cette houle, ce vent qui se lève Kenleur !

Je pense, le moment venu, au lendemain de cette crise.
Je pense, le moment venu, au lendemain des gilets jaunes.
Je pense, le moment venu, au cœur de ces évolutions environnementales qui touchent notre terre.
Je pense, le moment venu, nous refonder nos politiques culturelles et surtout, surtout, de dépasser cette vieille césure qui n’a plus aucun sens, entre des cultures dites savantes et des cultures dites populaires.

Le dépassement, la rencontre, la relation entre le contemporain et les traditions, entre les différentes formes dansées, entre les esthétiques et les disciplines… la rencontre, le dépassement, c’est justement ce que vous faites. Il faudra continuer à défricher, vaille que vaille ces liens vitaux de la tradition et du contemporain pour continuer à faire de nos pratiques populaires de Bretagne, des pratiques d’avant-garde.

Il est des sentiers et des horizons où le cœur revit ses joies
Il est des matins et des lendemains où courent les vents et meurt la peine
Sur les chemins de la Bohème
Tu ne vieilliras pas si tu ne vis que de rêves
Le temps t’épargnera
Si pour toi, le jour se lève
Sur un autre nid, Kenleur
Sur une autre envie, Kenleur
Sur une autre chanson, Kenleur
Sur un autre refrain, Kenleur

Une autre raison d’aller vivre plus loin – vivre plus loin et porter la Bretagne au cœur du 21e siècle ; c’est maintenant en remerciant tous les adhérents de Kendalc’h des origines, à nos jours, en remerciant tous les adhérents de War ‘l Leur de l’origine à nos jours, en remerciant tous ces bénévoles par milliers qui ont donné du temps, de l’énergie, qui ont fait don d’eux-mêmes, c’est maintenant le rôle de Kenleur.
Nous ne serons pas les derniers Bretons, grâce à vos dynamismes, grâce à vos inventivités.
La Bretagne, dans ses singularités, comme dans ses émerveillements se projettera loin dans le 21e siècle et c’est ainsi que demain, comme aujourd’hui, nous continuerons à être plus grands que nous.
Merci à cette nouvelle génération de l’espoir.
Merci à Solenn, merci à Rozenn, merci à Mathieu, merci à Tristan !
C’est à vous que nous transmettons la flamme et sur les chemins de la Bohême,
La Bretagne et ses danses ne vieilliront pas.