Prendre le pouls

associations !

C’est le nombre de groupes qui ont répondu à l’enquête de population lancée en septembre. Cette mobilisation de tous les responsables de groupes permet une belle exhaustivité. Nous partageons ici quelques grands chiffres et une analyse sur le contexte particulier que nous connaissons.

Enklask poblañs

169 kevregigezh !
169 strollad o deus respontet ouzh an enklask a-c’houde miz Gwengolo.
Disoc’hoù dedennus ‘zo a-drugarez d’ar perzhiadur niverus.
Setu un nebeud sifroù hag analizen ar mare ispisial emaomp o vevañ.

En ce début d’année, la confédération souhaite en savoir un peu plus sur ses adhérents. En premier lieu, pour découvrir ceux qu’elle connaît un peu moins pour le moment, proposer des actions qui répondent aux besoins et attentes des groupes adhérents mais aussi et surtout, pour prendre la température en ces temps incertains.

La santé de nos groupes en 2020

Ce n’est pas la forme olympique mais gardons l’envie.

Ce n’est un secret pour personne, cette période est loin d’être la meilleure que nous ayons connue. Toutes les mesures mises en place pour pouvoir nous revoir et nous protéger lors de nos traditionnelles répétitions sont contre-nature pour notre pratique. Mais c’est ainsi, il nous faut nous adapter pour maintenir la tête hors de l’eau voire pour ne pas couler.
Mais depuis quelques années déjà, on remarque une diminution du nombre de sorties, ce qui influe forcément sur la situation financière des groupes qui peut devenir de moins en moins confortable.Alors, cette crise sanitaire est-elle la seule responsable de la santé précaire de certains groupes ? Ou en est-elle l’accélérateur ? C’est difficile à dire, il aurait fallu analyser des données sur plusieurs années pour essayer d’avoir la réponse. Quoi qu’il en soit, cette enquête nous apprend tout de même des choses intéressantes qui nous éclairent un peu plus sur vos situations.

Personne n’est épargné

Kenleur c’est 1 confédération, 7 fédérations départementales (du moins dans un futur proche), 1 fédération de chorales, 200 groupes et c’est surtout 15 000 adhérents. Bien entendu, ce chiffre n’englobe pas l’ensemble de notre entourage, tout le petit monde qui gravite autour de nos associations et qui est toujours là en soutien moral ou pour aider physiquement.
Si une baisse est impossible à quantifier, ce 15 000 était probablement supérieur il y a quelques années. Difficile de mettre le doigt sur une raison précise à cette décroissance, elle doit être multiple.
La reprise reste néanmoins difficile en cette année 2020, puisque 42 % des groupes signalent une chute significative de leurs effectifs. 36 % annoncent une stabilité du nombre de danseurs et seul un groupe, soit moins d’1 % connaît une augmentation. Pour le reste, soit l’association préfère attendre avant de reprendre, soit elle devra malheureusement se mettre en sommeil.
Cette baisse des effectifs n’épargne personne puisqu’elle touche toutes les catégories : les plus affectés sont les 4es et les 1res avec entre 50 et 60 % de leurs groupes en baisse de danseurs, suivi des 2es catégories et des ateliers danse et ateliers spectacle avec 45 %. Ceux qui subissent le moins les conséquences, avec entre 20 et 30 % de décroissance, sont les 3es catégories, les Excellañs ainsi que les cercles ayant seulement un groupe enfants. Personne n’est donc à l’abri.

Un recrutement difficile

Le recrutement est plutôt une chose difficile et même en interne les danseurs ont du mal à s’engager et à prendre des responsabilités au sein du groupe. 35 % disent ne pas avoir de difficultés particulières (dont la moitié des 2es catégories). Mais ce chiffre est à prendre avec des pincettes car il n’y avait pas d’option sur l’absence de difficultés dans ce questionnaire. Est-ce que tout va bien pour ces groupes ou est-ce juste une question restée sans réponse ?
Chez les autres, il manque parfois des danseurs adultes et des danseurs enfants, il est souvent difficile de trouver des musiciens, des bénévoles qui s’investissent dans l’association ainsi que des cadres pour prendre un siège dans le bureau. Chose un peu inquiétante également, c’est la complexité de trouver des moniteurs de danse pour dispenser des cours en loisir ou mener les répétitions des groupes scéniques.

Un intérêt pour la formation

Être le moniteur n’est pas chose aisée et ça ne s’invente pas. Néanmoins, 68 % des groupes en possèdent un diplômé dans leurs rangs, soit dans 92 groupes. Pour le moment, ils ont obtenu un diplôme à War ‘l Leur ou à Kendalc’h, mais dans très peu de temps, on l’espère, une fournée de nouveaux moniteurs Kenleur devrait voir le jour !
Il y a des moniteurs diplômés dans 75 % des groupes de la catégorie Excellañs et entre 55 et 60 % dans les autres catégories du championnat. Mais parmi eux, 16 % sont sur la voie de la retraite si ce n’est pas déjà le cas.
Mais le nombre assez important de moniteurs diplômés prouve sans doute, du moins espérons-le, que ces personnes sont sensibilisées à la formation et donnent envie à leurs danseurs de se perfectionner ou de développer leur culture lors de stages.
D’une manière générale, plus de 90 % des groupes sont satisfaits de l’offre de stages que propose Kenleur. 70 % estiment que le prix n’est d’ailleurs pas un obstacle (pratiquement toutes les associations prennent en charge le total ou une partie du coût du stage). Mais autant pensent que la distance et le manque de temps le sont.
Ce deuxième confinement a obligé Kenleur à réadapter sous un format différent les formations et autres rendez-vous culturels. Peut-être que nous tenons là une nouvelle manière de satisfaire ceux qui ne peuvent pas forcément se déplacer aux stages ?

 

Des ressources limitées

L’argent, c’est le nerf de la guerre et cette saison sans revenus ou presque aura mis à mal quelques associations. 21 % estiment qu’ils vont avoir de sérieuses difficultés financières dans les mois à venir. Néanmoins, 45 % des groupes, soit presque la moitié, ont un budget annuel de moins de 5 000 €, 25 % entre 5 et 10 000 € et autant entre 10 et 50 000 €. Les principales ressources financières sont les indemnités de sorties ainsi que les subventions. Certains groupes sont amenés à diversifier leurs activités en organisant des évènements divers afin de nourrir un peu les caisses de l’association.

De belles valeurs

Le résultat de cette enquête n’est pas une très grande surprise, et le contexte, en plus de ne pas aider, crée beaucoup d’incertitudes d’où la difficulté à se projeter. Espérons que ça ne soit que des nuages passagers et que le soleil brillera à nouveau très vite pour tous les groupes.
Kenleur sait que ses adhérents sont attachés à leur culture, ont l’envie de faire vivre et de transmettre nos pratiques. Les groupes portent et partagent des belles valeurs auprès de leurs membres comme l’intergénérationnalité, la parité, la gouvernance partagées ou encore la conscience écologique.
Gardons l’envie, gardons l’énergie, gardons espoir.

 

Focus sur les groupes enfants

Un héritage à confier

L’une des priorités de Kenleur est la jeunesse. Ainsi qu’il est précisé dans ses statuts :

« L’association culturelle bretonne Kenleur a pour but de confier le patrimoine matériel et immatériel de Bretagne aux générations futures [ …] auprès de tous les publics et en particulier des jeunes ».

Soulignons qu’il s’agit en l’occurence de tous les enfants de Bretagne. Cependant, il nous a paru intéressant et instructif de connaître nos propres forces et, dans cette idée, un questionnaire a été proposé aux groupes enfants et a reçu un accueil très favorable puisque 83 cercles ont répondu sur les 90 que compte la confédération. Merci à toutes les personnes qui ont pris sur leur temps pour compléter cette enquête.

Pouezus-tre eo ar yaouankiz evit Kenleur.
Skrivet eo en e statudoù :
« Pal ar gevredigezh sevenadurel Breizh « Kenleur » a zo treuzkas ar glad Breizh danvezel ha dizanvezel d’ar remziadoù da zont (…) doc’h an holl dud hag ar yaouankiz dreist-holl. »

Les résultats

Ils peuvent être interprétés de deux façons :
– des données graphiques « sèches », utiles, mais interprétables de plusieurs façons.
– une étude plus nuancée à l’aide de ces données, amendées par des remontées d’acteurs du terrain et des observations in situ.

Nous mixerons ces deux méthodes. Voici donc un point sur cette enquête. Il est sommaire mais pourra être complété lors d’une autre occasion, le regroupement des moniteurs de janvier, par exemple. Les résultats justifient tout à fait la volonté de Kenleur de faire de la jeunesse sa priorité.

 

1. Les effectifs

1281 : C’est le nombre d’enfants inscrits pour cette année (qui, vous l’aurez remarqué, est un peu particulière). Mais… lorsque Kendalc’h a lancé Stoupig en 2012, la revue a été tirée à 1600 exemplaires et, déjà, nous sentions un certain fléchissement. Donc, sans trop s’avancer, on peut penser qu’il y a 10 ans, les effectifs cumulés (Kendalc’h et War ’l Leur) devaient facilement tourner autour de 3000 enfants. Il est donc incontestable que le nombre d’inscrits s’érode de façon significative et qu’il va falloir d’urgence se pencher sur cette question du recrutement. D’ailleurs 61 groupes signalent ce fait comme l’une des principales difficultés rencontrées. Seuls 9 groupes ont des effectifs en hausse ! Et 5 seulement signalent un accroissement significatif. Et il faut faire attention aux données : un enfant de plus dans un groupe de 6, c’est un progrès, certes, mais … limité !

 

enfants inscrits pour cette année

Du coup, comment ça se présente ?

Donc 31 ont moins de 10 inscrits et seulement 9 plus de 30.
à quoi peut être due cette désaffection ? La situation sanitaire ne peut être seule tenue pour responsable, cette baisse est antérieure et, malheureusement, régulière. Alors, on peut évoquer
• le côté prétendûment « ringard » de notre activité
• l’apathie des enfants (et là, nous ne sommes pas les seuls touchés…)
• la non-visibilité de nos actions
• la relative indifférence de certains groupes pour la section enfants…
Et bien d’autres raisons, évidemment. On mesure donc l’ampleur de la tâche qui attend Kenleur pour inverser la situation et imaginer d’autres moyens de faire connaître la matière de Bretagne à un plus grand nombre. Car, en fait, une douloureuse question se pose : ce que nous proposons convient-il encore aux enfants et ne vivons-nous pas un peu en vase clos ?
Petite parenthèse : les garçons ne représentent que 15 % des inscrits. (deux groupes en ont quand même 10). Ce n’est pas nouveau, mais ça montre sûrement comment est perçue notre activité chez les jeunes…

Et pourtant, quand on observe le comportement des enfants de nos groupes, quand on regarde leur évolution, on peut constater que les cercles sont une extraordinaire école de la vie et que nous pouvons être fiers de ce qu’ils sont et de ce qu’ils deviennent.

2. Et à part la danse ?

Certains moniteurs proposent d’autres activités que la danse. Citons : le chant, la découverte des instruments de musique, la broderie, le conte, la lecture, les costumes, le breton, des visites dans des écomusées, des balades en forêt, des fiches Pikett, une visite aux anciens de l’EHPAD.
Visiblement il s’agit de propositions ponctuelles, souvent durant la séance de fin de trimestre. Intéressant, évidemment. Mais pas toujours facile car il faut le bagage nécessaire et … la salle.
De nombreux cercles disent avoir déjà eu des échanges avec d’autres groupes. C’est sûrement une idée à creuser et la Commission Enfants et Ados de Kenleur pourrait être le bazvalan ou la chaosse naire (entremetteur) pour faire le lien entre les postulants.

 

3. Dur que c’est, tiens !

En vrai, pas pour tout le monde. 5 groupes estiment n’avoir aucune difficulté. Comme disait la maman de Napoléon : « Pourvu que ça dure ! ». 61 groupes ont des problèmes de recrutement. Redisons-le, c’est le souci essentiel. Des groupes enfants sans enfants, ça ne va qu’un temps. Et ce n’est guère mieux avec un effectif squelettique. Que faire avec 2 ou 3 minots ? On leur apporte toujours quelque chose, c’est vrai, mais comment avoir une véritable émulation ?
à moins de sortir complètement du schéma classique et se tourner vers un fonctionnement multi-activités ?
Une autre difficulté majeure (30 groupes), semble être le comportement des enfants.
L’assiduité, d’abord. On vient un peu quand on en a envie. Ne surtout pas contrarier la petite princesse ou, pire, le petit roi. Un groupe évoque même la garderie… L’attention ensuite.
C’est vrai, les cours sont souvent situés après la journée d’école. En fin de semaine, ils sont fatigués, donc grincheux ou énervés. Et pour peu qu’il y ait eu quelque chose d’exceptionnel dans la classe. De plus, l’attention des plus petits file vite…
S’occuper d’enfants n’est pas chose aisée. Beaucoup plus difficile en tous les cas que de mener un groupe adultes.

 

4. Donc, formation ?

45 groupes suivent régulièrement les formations proposées, 17 rarement et 17 jamais. Sont évoqués les problèmes de temps, les difficultés à se déplacer et une fois le manque d’intérêt pour ce qui est proposé. Enfin, dans 6 groupes on pense avoir les connaissances suffisantes.

5. Le local

Heureux sont ceux qui possèdent leur propre local ! Mais ils sont rares (8).
Quant aux autres, ils doivent en solliciter un auprès de la mairie. Dans le meilleur des cas (13%), il est alloué à la seule association, mais beaucoup plus souvent c’est une salle partagée et donc, il faut amener tout son bazar pour assurer son cours. Il n’y a pas toujours chaises ou tables, ou alors trop, comme dans la cantine prêtée à un groupe.
Dans ces conditions, il n’est pas simple de faire du dessin, de la broderie, des fiches…
le temps de tout déballer, de mettre en place l’atelier, l’heure est bien écornée.
Arriver plus tôt ? Oui, bien sûr. Encore faut-il qu’il n’y ait pas une autre asso avant.
Si c’est le club des cheveux d’argent, ils savent prendre leur temps… Et l’inverse est aussi vrai : finir son cours alors qu’un autre groupe piaffe dans le couloir. Là, c’est sûr, il y a un problème d’attention.
Être en charge d’un groupe enfants demande beaucoup d’investissement. Merci à vous, passeurs de culture, de prendre sur votre temps, sur votre vie de famille pour former ceux qui, le temps venu, deviendront à leur tour des transmetteurs. Ou pas…
Mais, s’ils ne s’impliquent pas dans cette chaîne, ils n’oublieront jamais les bons moments que vous leur avez fait passer. Et cela, dans cette époque où tout se mesure et s’évalue, c’est inestimable. Pour compléter cette brève analyse des réponses de groupes, nous avons rajouté quelques graphiques que nous trouvons parlants.