Un souffle positif pour le spectacle Soñj !

par Audrey Pavageau

Le dimanche 4 octobre 2020, Soñj faisait son grand retour au Triskell à Pont-l’Abbé. Une bouffée d’air artistique qui dans cette période morose nous a fait du bien. S’il est encore nécessaire de le rappeler, Soñj est cette création mise sur les rails en 2017 par nos anciennes confédérations War ‘l Leur et Kendalc’h. Cette troupe avait pour mission de partager une scène commune (prémices de notre fusion) et dont l’objectif est de représenter des pans de la culture bretonne. Visons le monde !
Audrey Pavageau, vice-présidente à la
communication et aux expérimentations, était présente à Pont-l’Abbé et nous livre ici son ressenti.

Acte I : une résidence pour une renaissance

Samedi 26 septembre, par un matin ensoleillé, les danseurs sont là, au Triskell, à Pont-l’Abbé. Au-dessus des masques, les regards sont souriants et positifs…
Le week-end a commencé par des questions, des échanges autour des appréhensions de chacun quant aux mesures de protection, les inquiétudes liées à l’endurance avec le masque et même les doutes sur la tenue effective du spectacle. Les règles de fonctionnement des répétitions en lien avec les conditions sanitaires sont explicitées, et, vient alors le moment (tant attendu) pour les danseurs de s’approcher et de danser… La mise en mouvement ressemble à l’éveil de la nature au printemps. Les premiers moments de contacts physiques illuminent les visages et réveillent les corps. Une heure plus tard, les tableaux s’enchaînent. Chacun reprend ses marques. Le masque ne cache pas le plaisir et l’aisance de chacun à retrouver « sa peau » de danseur, son rôle dans le collectif de Soñj. La belle énergie des danseurs est communicative, nourrie (au sens propre comme figuré) par l’accueil chaleureux des équipes du Triskell.
Cet engouement se communique dès l’après-midi à la vingtaine de bénévoles présents pour les essayages et ajustements autour des costumes. Les gestes reviennent, précis. La fourmilière s’active.

Acte II : émotion et passion

Le week-end suivant, malgré une tempête Alex particulièrement entêtante, la confiance et le bien-être des danseurs respirent. Les derniers réglages s’effectuent avec sérénité, au souffle des masques.
16h30, dimanche 4 octobre, nous y sommes. La salle est pleine (enfin, COVIDemment pleine). Les danseurs s’élancent, masqués pour le premier tableau haut en couleur. Le public est conquis. Quel plaisir de pouvoir à nouveau admirer ces corps qui dansent, sentir l’émotion et nos cœurs qui battent au rythme puissant des chants et des instruments ! Les regards, les intentions puissantes des danseurs, la musique emmènent le public pour un voyage dans la Bretagne que nous aimons. Le spectacle se déroule, dans le plaisir, avec passion mais aussi une vigilance de tous les instants de l’ensemble des danseurs et du staff de chorégraphes, pour que soient respectés les gestes de protection. Le message est important, malgré les épreuves auxquelles nous faisons face, les adaptations indispensables, nous, acteurs du spectacle vivant – plus vivant que jamais – nous faisons preuve de résilience.

Acte III : pour que rayonne la Bretagne

Et nous ne nous arrêterons pas là. La maîtrise de ce spectacle que les danseurs ont acquise, d’autant plus dans ce contexte, renforce notre ambition de le faire tourner dans d’autres réseaux. C’est bien sa fonction, celle de nos créations, être moteur, ouvrir de nouvelles possibilités pour partager. Plus encore qu’hier, demain aura besoin de nous, de nos pratiques, de créations, de la puissance de la communauté dansée.

Paroles de chorégraphes

Le spectacle d’un groupe est sincère si ses interprètes le sont, animés par la même envie de danser, de bouger ensemble. C’est au fur et à mesure des répétitions et spectacles qu’un groupe acquiert ces indispensables qualités. Le groupe de Soñj s’est construit ainsi, au fil du temps. Les danseurs du spectacle ont appris à se connaître et à se faire confiance. Peu à peu, ils ont su devenir des interprètes convaincus de leur talent.
En groupe fort et soudé, ils ont entraîné le public lors du dernier spectacle à Pont-l’Abbé : ils ont montré à quel point ils avaient en eux le talent et la maturité propre aux grands spectacles. Peu importe les chorégraphies et les créations, les danseurs sont l’essentiel…
Les danseurs de Soñj ont su le construire.

Gwenaël Le Viol

Si le spectacle a duré 80 mn, les répétitions nous ont occupés 40 heures en ce mois de septembre. Ce furent des heures intenses de travail, de partage, des heures hors du temps. Elles eurent encore meilleur goût que d’habitude puisque cela faisait des mois que plus personne n’avait dansé, n’avait transpiré ainsi.
Ah ce bonheur du « faire ensemble » ! Ce furent des heures exténuantes, exigeantes, passionnantes, mais des heures à être avec les autres. Une intimité retrouvée, une vraie complicité, une belle connexion. De ce socle humain resserré, solide et sincère, ne pouvait que naître un spectacle rayonnant, sensible et puissant.

Solenn Boënnec

Un spectacle profondément ancré dans la tradition musicale et
de danse bretonne.
Une mise en scène de ce qui a forgé cette tradition portée par un parti pris contemporain et inspirée par une écriture musicale qui raconte, qui illustre avec beaucoup de poésie quatre thématiques : les éléments, l’imaginaire, la force et l’ouverture au monde.
Des costumes à
l’image de la scénographie, entre reproduction de pièces traditionnelles et création
de pièces contemporaines.
Des danseurs engagés qui habitent avec puissance chacun de leurs rôles.

Isabel Pin

Un CD pour immortaliser

Présenté au Triskell de Pont-l’Abbé en octobre dernier, le spectacle Soñj a entraîné les nombreux spectateurs dans un univers puissant et poétique, fermement chevillé à la Bretagne et toujours tourné vers l’horizon. Coup de chapeau à l’excellente prestation unanimement saluée des 8 musiciens : Ewen Couriaut (bombarde et saxophone), Mathilde Chevrel (violoncelle), Magali Dubois (piano), Thomas Kerbrat (batterie/percussions), Lionel Le Page (biniou et uilleann-pipes), Dina Rakatomanga (basse), Rozenn Talec (chant), sous la direction musicale d’étienne Chouzier. Si vous souhaitez découvrir ou redécouvrir ces si belles compositions, vous pourrez dès maintenant commander l’album auprès du secrétariat de la confédération Kenleur.

Kinniget e oa bet an arvest en Triskell e Pont-’n-Abad e miz Here. Degaset e oa arvestererion niverus « Soñj » betek un hollved pell ha barzhonus.
Gourc’hemennoù ouzh ar 8 soner evit o arvest fiskal : Ewen Couriaut (bombard ha saksofon), Mathilde Chevrel (violoñsel), Magali Dubois (piano), Thomas Kerbrat (taboulinoù/toserezh), Lionel Le Page (biniou ha uilleann-pipes), Dina Rakatomanga (gitar-boud), Rozenn Talec (kan) hag Etienne Chouzier (rener ar sonerezh).

Photos : Serj Philouze